Mémoire de la Série “L’Éveil”
La série “L’Éveil” est une traversée intérieure — un parcours de métamorphose où l’être humain, face à ses ombres et ses fragilités, apprend à reconnaître sa propre nature et à se réconcilier avec elle. Chaque toile est un chapitre de ce voyage symbolique : de la souffrance à la lumière, de la prison à la liberté, de l’inconscience à l’amour conscient.
Sur la première toile, le regard plonge dans l’agonie de la condition humaine. Un goudron noir et visqueux envahit l’espace, métaphore du poids et de la densité de la douleur. Au cœur de cette matière sombre, une pieuvre enlace le cœur de ses tentacules — image des forces invisibles qui nous retiennent : la peur, la souffrance, la culpabilité, le désir de comprendre. C’est le commencement de la traversée, lorsque l’être s’éveille à l’inconfort d’exister.
La deuxième toile invite au recueillement. C’est une plongée dans la grotte intérieure, où l’obscurité ne menace plus, mais accueille. Le silence devient guide, et l’observation attentive — la pleine conscience — se fait lumière. Ici, l’âme apprend à écouter ses propres murmures, à accepter ce qui est, sans fuite ni jugement. C’est le début de la rencontre avec le centre de l’être.
Sur la troisième toile, commence la pèlerinage. Inspirée par la symbolique du Chemin de Saint-Jacques, cette œuvre parle du détachement et de la libération. Le pèlerin laisse derrière lui les anciennes peaux, les masques, les peurs et les croyances qui ne lui servent plus. Chaque pas est un acte d’abandon et de vérité. C’est le dépouillement qui précède la lumière.
La quatrième toile célèbre cet instant : le moment où le cœur, après avoir traversé les ombres, s’ouvre comme une rose à l’aube. Chaque pétale révèle une nouvelle couche d’amour, de tendresse et d’abandon. C’est le toucher de la grâce — l’éveil de la conscience qui reconnaît la beauté dans la souffrance même et transforme la douleur en compassion.
Sur la cinquième toile, le dragon apparaît enfin apprivoisé. Non plus comme une menace, mais comme une force vitale intégrée. L’être apprend à le chevaucher — symbole de la condition humaine et de ses instincts — et à utiliser le feu qui jadis le consumait comme énergie créatrice. Manger, dormir, éprouver du plaisir, souffrir… tout devient expression d’une même essence. L’âme apprend à vivre pleinement dans le corps.
Ainsi, “L’Éveil” n’est pas seulement une série de toiles : c’est un rite de passage. Un chemin de réconciliation entre l’ombre et la lumière, l’esprit et la matière. Chaque œuvre est miroir et invitation — pour que chaque spectateur reconnaisse ses propres dragons, et peut-être, en les regardant avec tendresse, découvre en lui le même épanouissement silencieux : l’éveil du cœur qui apprend à aimer la vie telle qu’elle est.